top of page

à nos absents

Jeanne Piatier au violon

Ma main tapote un peu trop le bord de la table


En fixant la porte au loin j’essaie d’avoir l’air aimable


J’ai finis de jouer avec le bord du couteau


Et si j’essaie de ne pas avoir le coeur gros


Je sers un peu les dents et si je souris ça passe


C’est l’heure et les aiguilles fond des trucs dégueulasses

 

L’une sur l’autre et c’est comme ça

Que je tue le temps qu’on a pas


Si tu veux je porte un toast


A nos absents, c’est moi qui bois

 

Le serveur est venu deux fois à la troisième j’ai commandé

Au menu tronche de pluie sur nuage à volonté


Y’a cet homme que je connais devant ma compagnie


Il a cerné mon regard vide en un clin d’oeil il a compris

Il s’est assis devant ma cuillère il a dit « La même chose »

On aurait dit une prière et j’ai mangé ma langue


On a bu, on a ri, je n’attends plus, je tangue

 

L’une sur l’autre et c’est comme ça

Mes jambes dansent à petit pas


Si tu veux je porte un toast


A nos absents, c’est moi qui bois

 

Pas de liqueur à l’heure qu’il est


Qu’il est bruyant notre silence
Lettre après lettre, l’être après l’être


On se connaît si peu qu’on perd son sang


C’est bien mes paroles avalées dans mon ventre

A l’addition pris d’un geste fraternel

L’homme devant moi m’a pris sous son aisselle

 

L’une sur l’autre c’est comme ça

Les paroles s’envolent et les mots là

Si tu veux je porte un toast


A nos absents, c’est moi qui bois

​

bottom of page