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poésies

Matière mot en mouvement

origami

​Les ongles rouges

Le sang sous la peau

Je ne suis pas douce

Pleine de plis et d'accrocs

​

Le corps origamique

S'organise comme il peut

Au contact épidermique

On ne sait pas quand il pleut



J'irai frotter mes cris

A la feuille, à la pierre

Je n'ai pas peur du bruit

Ni du silence de la prière

action

S'étale sur la pellicule

Rétine fâchée

Rien ne ressemble au réel
Terrien caché
Les cris contenus en couleurs
Béton armé
L'éclipse se déverse sans preuve
Cage d'escalier
Et les lions s'oublient dans leur parc
Liberté conditionnée
Plus une corde à nos arcs
Des armées
Pillées nos veines et vain destin
Sans vaincre
Verser vos larmes sur L'Olympe
Sourds Saints
Triste spectacle du genre humain
Mains moites
Sur les barreaux des transports en commun
Petite boîte
Toutes les villes et les rétines
Parade aveugle
Tout tendre l'univers applaudit
Notre spectacle
Sous forme d'étoile subtile​​​

Entre acte.

PARADE

Toute blanche immaculée dans le soleil reculé du matin. 
Désapprendre le corps quand il semble qu'on lui ait tout pris. 
Courtiser le néant, le rendre lâche et veule. 
Le rendre libre. 
Les mains petites à petit se détachent.
Défendent l'inconnu s'accrochent au naufrage.
Disparaissent du mouvement, s'engouffrent dans l'espace. 
Une violence bien réelle, échappe au souffle, s'empare des lèvres, du ventre. Une guerre sceptique, l'ennemie c'est soi. 
L'aveugle hypothèse de la chute. 
Le crayon prépare à chaque mot l'éloge funèbre du corps qui tombe à l'horizontal.

j'ai l'air de quelqu'un

 Ces quelques meubles, 

  ces clémentines qu'on achète toi et moi, 

    c'est quelque part quelque chose.

      Cette orthographe que j'essaie d'apprendre, 

         ces peaux que j'arrache. 

                Cela ressemble bien à cela.

                    C'est la fraîcheur du désastre sur l'équinoxe de l’esbroufe. 

              Une apnée sous-jacente. 

 Une écorce sous l'aurore des passions. 

 L'eau séant se repose toute la nuit en caleçon.

 J'ai l'air de quelqu'u​n, je respire à l'eau de rose.  

   Ce soir le désordre à l'air de quelque chose,

                                                       j'ai l'air de quelqu'un qui superpose.

circulation

Dans le rétro au miroir brisé

Passager

La lumière du phare de la nuit éclate

Garé sur le bas côté.

Les voitures en filant font tanguer le véhicule

Il fait sombre

J’écris à la main aveugle de ce soleil passé

De ces jours cassés qui rident les oreilles des voitures

Je tiens en capitaine ce vieux rafiot craqué

Dans la marée des voitures

Tout glisse et s’étale

Les réels défilent en puzzle

Un klaxon sillonne la bande pointillée

Sur le pont au loin une lumière rouge s’étire

Je regarde les astres qui me préfèrent dans l’ombre

Sans doute

Camouflée de leurs rayons

La main guidée par je ne sais quel chien

L’espoir

Peut-être.

prendre le train

Rentrer dans la gare et prendre le prochain train. Le premier. Sans être attendu. S’extirper. Sans rancune contre un ou un tel décor. Dans l’idéal  d’un autre. Croire au réconfort de la fuite. Pour une fois s’extraire de la camisole des rues à orthographe cartographiée. Déranger le système. Se consoler d’être libre un peu. En général, le premier train n’est pas pour Paris. Ce qui semble assez étonnant. Ni pour Rome d’ailleurs. S’arranger à ce que ces pluies, ces intempéries restent dans le lieu quitté. C’est incommode de traîner des flaques d’eau dans ses bottes. C’est vraiment inconfortable et la matière particulièrement disciplinée se borne a contenir. Il faudrait voir mais je pense, qu’il est impossible de faire éclater des bottes en insistant sur l’eau, à l’intérieur, je veux dire.

En tout cas en partant du lieu il faut prendre grand soin de vider ses bottes. De laisser là, ce qui après essorage peut éventuellement ressembler à une flaque, qui d’ailleurs a son avantage de pouvoir en faire rire quelques uns !

La communauté prend souvent un drôle d’air à vous voir vider vos bottes comme ça, mais elle sait par avance que c’est souvent pour mieux en rire à cœur joie de sauter dedans à pieds joints.

Si par le prochain train, le premier, la ville invitée à vous accueillir, recueille également quelques autres connaissances ami(e) s, c’est un plus.

Mais en rien cela n’est nécessaire.

Le risque étant de ne pas fuir tout a fait, de prendre à la légère ce foutre en l’air.

J’ai déjà parlé de ça avec une amie qui a coutume de ce genre d’allégresse et elle m’expliquait qu’il lui était inévitable d’aller loin, d’aller jusqu'à une nouvelle langue. Je comprends. L’idée de devenir « étranger », l’absolue volonté de dérouter son itinéraire, son protocole. Une nostalgie du lieu de départ.

C’est un peu un autre soi qu’on espère. Il faudrait tout pouvoir réapprendre.

De ses connaissances s’en aller. Comme vider ses bottes.Vider là, le contenu froid.

Regarder le paysage filer, s’infiltrer dans le wagon comme un rayon de soleil. Être ce nouvel individu qui pied sur le sol se retrouve en adéquation parfaite avec l’incohérence des rues. S’être non familier est un parapluie, un couvercle à poser sur l’étagère des conserves connues. Un espiègle renfort à la rencontre. Une présence que l’on rencontre dans l’attendu.

Il y a des couvertures là, posées sur le pavé, les pas raisonnent moins forts.

Les pas découvrent, avant soi. D’autres capacités. Entendre le manque, la faim. Pourchasser l’horizontal avec une faute d’orthographe.

Les manteaux ne protègent pas du froid, les couvertures sont autres. Dans cette autre ville, il n’y a personne, à part soi à trimbaler encore. Il n’y a pas de musique.

Il y a peut-être quelques visages qui nous ressemblent confortablement perdus dans la cadence des invisibles innombrables.

spectacle

Là,

Spectateur

Est ce vous ou moi qui suspectez ?

Qu’attend-t-on l’un de l’autre ?

Hun ?

Tiré à quatre épingles, comme en dimanche de messe

Public averti qui devant l’art fait une respectueuse adresse

Ou presque en pyjama

Habitué du lieu

Pour effacer son corps

Et laisser à l’idée

Un meilleur habitacle.

Attitude bourgeoise, en habitué des lieux

Dont la direction des toilettes est sans secret.

Ahuri aguerri, garant son corps véhicule pour garer son esprit.

Goguenard pendu au bras de sa grue

Braquant du regard le moindre écart.

Trop petit qui ni voit rien

Au moindre grand qui cache le tout

Trop jeune pour y comprendre

Trop vieux pour y voir

Trop gros pour s’asseoir

Trop maigre pour y rentrer

La salle rassemble hélas souvent ceux qui peuvent payer

Et ces petits chanceux un peu tordus

Qui debout près de la porte guettent vos attitudes

Après avoir plié vos billets.

Quel spectacle ?

Et qui le fait ?

La formule développée,

Le programme sur les genoux

Qu’est ce qui vous amène ?

Qu’est ce qui depuis la nuit des temps nous poursuit avec ces histoires ?

Ces histoires cultivées, nourries, digérées.

Où les jette-t-on ?

Et où se perdent-elles à la fin du spectacle ?

Au baissé de rideau quand boitant ils s’arrachent

Bras dessus-dessous en fermant les yeux.

Est ce qu’on rentre sur la scène de notre grand théâtre ?

Y a t-il besoin d’un siège pour asseoir nos imaginaires vagabonds ?

Y a t-il besoin de spectacle pour ne pas prendre le réel au sérieux ?

Ou est-ce le réel que l’on vient retenir?

Transpercer un peu de ce qu’on n'a pas le temps d’étreindre.

Comme cueillir l’éclosion d’une fleur.

matière mot

Les danseuses de La petite pièce, atelier de danse contemporaine coordonné par Vanessa Leprince, chorégraphe et danseuse, acceptent ma présence pendant leurs répétitions, je capture les mots.

 

Un module est composé de mouvements, appelé phrases, plusieurs modules forment une partition.

 

Tranquillement récupérer la parallèle

Tendu plié

Repousser la jambe gauche

Soulager la colonne

Lâcher le poids

Continuer les écritures

Les doigts se croisent

Les mains s’épousent

Je t’emmène avec tout mon corps

Etat de corps

Essuie glace

Longer le corps

Couplet

Refrain

8 temps

Recroquevillé

Décolle

Les omoplates dans le sol en torsions

Cercle

Pointé tendu

Appuie sur le bras

Regard plafond

Cercle de tête à droite qui finit derrière

Nuque à nuque

Coup à coup

Ecchymose

Les mains guident le bassin

Balance le dos

Caresse les omoplates

S’adapter au point de collage

Encercle le vide

Déplie les coudes

Le regard se perd

Epouse le sol

Enroule

On se sent la bouche

On respire

La chute

Balaie

Nettoie l’espace.

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