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le soleil bleu

Comme tous les matins je peins le lever de soleil.

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Je me dis, que tu le vois et à chaque fois, ça me rend fou.

J’y mets ce rose en trop et cet orange passion, des couleurs insolites et instables qui me ressemblent. 

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Alors j’imagine que tu m’y reconnais, que tu n’as qu’à regarder, même passer juste un léger coup d’œil. On ne peut pas se tromper, c’est bien l’œuvre d’un homme amoureux, tu le vois bien ? Ce soleil rouge sanguin, couché sur le bord d’un monde jaune strié, qui se lève capricieusement pour éclairer ce bleu mystérieux qui n’en est peut-être pas un ? Ce bleu qui se prend pour une savane de couleur, ce bleu qui a chaud de toi et que l’œil rouge du monde regarde, avide. Ce bleu champs de lavande ou lie de vin. Je bois un peu, je bois bleu, j’aime boire le matin en dessinant le lever de soleil, ça m’inspire…ça me donne soif. L’eau de mon verre s’étale jusqu’à la toile et se transforme en vert à la lisière du ciel et de l’océan, un trait discret. Il n’y a personne sur ma page, à part toi, mais tu n’es pas sur la plage, tu observes les yeux plissés, le cœur rouge, ce soleil fou se lever. 

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Les formes instinctives, expressions de mes sentiments, ne composent pas de cœurs, de toute façon tu n’aimerais pas ça, ce serait trop simple, surfait, ça va de soi. Ce sont des ondulations aléatoires, des lignes franches, des arabesques, des caprices, des vols d’oiseaux, des courbes indomptables, offertes à l’horizon.

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A l’aurore je peins et toi tu regardes se lever le soleil.

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Revue SILLO n°3

Peinture sur affiche de Jeanne Piatier et Charles Husser 

http://silloprod.tumblr.com

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